Armand Barthet-La fleur du panier

Armand Barthet, de son vrai prénom Désiré-Louis,
Ecrivain, il écrit des pièces de théâtre Le Moineau de Lesbie jouée par Melle Rachel, qui lui valut un succès fou. Il publie d'autres pièces, des nouvelles, un opéra comique, des poèmes, un roman. Il a fréquenté des salons littéraires avec Victor Hugo.

Armand Barthet est Né à Besançon dans le Doubs, le 15 avril 1820 puis est décédé à Ivry-sur-Seine suite à un suicide le 14 février 1874. Avocat de formation devenu homme de lettres et critique artistique et littéraire. Armand Barthet est né dans une famille aisée originaire de Cendrey (. Son père est chapelier à Besançon, sa mère tient un magasin de mode et lingerie.) Ils lui donnent une solide éducation. Armand Barthet suit ses premières années de collège à Baume-les-Dames et entre au petit séminaire de Consolation. Il entame des études de droit à Paris mais deviendra journaliste.

Nous avons sélectionné un poème issu du recueil intituléLa fleur du panier écrit en 1853.

« L'imagination ailée et vagabonde...

Par des frissons charnels pas un qui ne réponde,

Pas un qui ne relève à votre œil curieux

Le voile que brûlait l'éclair de deux beaux yeux.

Nous avons beau vouloir : impuissants que nous sommes,

Tout en visant au ciel nous demeurons des hommes,

Un fantôme de femme est toujours quelque part

Qui de nos chastetés renverse le rempart,

Et n'importe l'endroit, port bruyant, sombre grève,

Où nous faisse aborder le caprice du rêve,

N'importe où nous posions notre pied hasardeux...

Si nous arrivons seul- nous en revenant deux.

Les femmes, c'est l'amour, et l'amour, c'est la vie !

Vénus devant Pâris aura toujours raison.

Quand notre propre cœur nous parle et nous convie,

Il est bien malaisé de lui répondre non. »

Dans ce poème, on peut voir un jeu sur la conception de l'amour. Au début du poème, il y a une allusion à l'amour courtois, ou plus encore, à la conception de l'amour développée par le poète Pétrarque à la Renaissance. Cette conception pense que la femme est inaccessible, l'amant réalise qu'il doit se dépasser pour la mériter et l'obtenir, et il sublime son amour charnel en amour divin.

L'amour devient donc source de révélation spirituelle de l'amant : « en visant au ciel ».

De plus Pétrarque reprend l'idée de l'innamoremento, le coup de foudre cité en italien. Lors de la première rencontre, des échanges de regards se font. Les yeux de la dame émettent des particules subtiles qui pénètrent dans le cœur de l'amant et impriment en lui l'image de la dame.

Chez Barthet également se trouve l'idée d'un amour qui naît du regard : « l'éclair de deux beaux yeux ».

Mais il oppose avec humour à ces conceptions le désir charnel : « Tout en visant au ciel nous demeurons des hommes etc... ». Il met en avant avec humour la faiblesse de la chair. Il en vient même à une sorte de devise « les femmes, c'est l'amour, et l'amour c'est la vie ! ». Il y a une reprise du mot « amour » en anadiplose.

Et le parallélisme de construction accentue encore plus cette répétition. Il fait allusion à l'épisode mythologique du jugement de Pâris : Vénus lui propose en récompense s'il la fait victorieuse la plus belle femme du monde, cela passera toujours avant les promesses des autres déesses, le pouvoir, etc...

Il termine par deux vers qui sonnent là encore comme un proverbe, et sont d'ailleurs au présent de vérité générale : on ne peut pas s'opposer au cœur quand il nous parle..

Ce poème et son analyse peuvent nous faire penser à ce que disait Baudelaire : « les yeux verts sont la traitrise des femmes ».