Charles Nodier-De quelques phénomènes du sommeil

06/03/2019

Jean-Charles-Emmanuel Nodier est un écrivain, romancier et académicienfrançais, né le 29avril1780 à Besançon et mort le27janvier1844 à Paris.

Né peu avant la Révolution Française, il en subit à la fois les horreurs et les merveilles. Horreur devant les scènes de guillotine, émerveillement devant les paysages et les imaginaires d'Illyrie, dont il rapportera au moins deux vocables, Smarra, le cauchemar, et les vukodlacks - les vampires. On comprend mieux d'où vient cette obsession des rêves et des cauchemars. Cette fixette sur le sommeil est compréhensible.


On lui attribue une grande importance dans la naissance du mouvement romantique.

Pour Nodier, le sommeil est l'état le plus « puissant et le plus lucide de la pensée », qui demeure dans tous les pays dans le patrimoine du merveilleux.

Il souligne que ce merveilleux est la source primordiale et inépuisable de l'inspiration littéraire.

Il décrit le court instant de réveil comme la source d'inspiration la plus importante chez un artiste.

Car c'est à ce moment-là que les choses les plus importantes se passent : un homme, dit ordinaire, éveillé, oublie en général tout ce dont il vient de rêver. Le moment du réveil ne joue donc, dans son cas, aucun rôle particulier. Le sommeil et la vie éveillée sont pour lui parfaitement distincts et ne se mélangent pas. Les pensées d'un poète, au contraire, étant déjà très claires au moment du réveil s'éclaircissent d'avantage par la suite. Ce moment du réveil devient donc crucial pour toute son œuvre. Il s'en inspire avec aisance lors de ses créations littéraires.

C'est à travers De quelques phénomènes du sommeil écrit en 1830 que Nodier nous expose sa thèse concernant le sommeil et ses petits problèmes.

« Le voilà, cet être ignorant, crédule, impressionnable, pensif, le voilà qui marche et qui agit, parce qu'il est somnambule; qui parle, qui gémit et qui pleure, et qui crie, parce qu'il est somniloque ; et qui voit les choses inconnues du reste de ses semblables, marchants et parlants, parce qu'il a le cauchemar. Le voilà qui se réveille aux fraîcheurs d'une soirée pénétrante, aux premiers rayons du soleil qui perce le brouillard, à deux lieues de l'endroit où il s'est couché pour dormir; dans une clairière de bois que pressent entre leurs rameaux trois grands arbres souvent frappés de la foudre, et qui balancent encore les ossements sonores de quelques malfaiteurs. -Au moment où il ouvre les yeux, la perception qui s'enfuit laisse retenir à son oreille quelques rires épouvantables; un sillon de flamme ou de fumée qui ne s'efface que peu à peu, marque à sa vue effrayée la trace du char du démon; l'herbe foulée en rond autour de lui conserve l'empreinte de ses danses nocturnes. »

Cette articulation de l'espace intime du songe à celui collectif des mythes est sans doute ce qui fascinera le plus les romantiques, et Nodier en particulier, qui y reviendra à de nombreuses reprises.Nodier insiste en outre sur un point : cette opposition entre l'état de veille - où la raison régit la vie courante et matérielle - et l'état de sommeil - et donc de songe - ne se fait pas au détriment de la connaissance. En effet, « le sommeil est non seulement l'état le plus puissant, mais encore le plus lucide de la pensée », dixit Nodier.

De même donc qu'il existe un prolongement entre les rêves personnels et les rêves collectifs, les deux sont sujets à une extrême sensibilité.

Comment ces superpositions, ces croisements vont-ils se retrouver dans les textes de ses contes, merveilleux et/ou fantastiques ? L'opposition entre ces deux termes n'est pas très évidente pour Nodier ; qui insiste particulièrement sur les conditions de production et de réception d'un conte. Ce n'est pas pour lui un simple texte, c'est un lieu de rêverie partagée, comme cela se passait autrefois à la veillée.

Il a fait de l'apprivoisement littéraire de cet espace onirique un projet qui, s'il n'était pas consciemment voulu, a été constamment poursuivi. S'il n'a pas souvent débouché sur ce que nous nommons aujourd'hui le genre fantastique. Il l'a exploré dans des textes théoriques, et dans des textes de fiction.

On peut se poser la question de cette attirance de Nodier pour les espaces oniriques et les mythes, indépendamment des réponses qu'il a données. Nodier semble ne rien espérer de l'avenir, ni du présent, qui le déçoit. Mais il a l'intuition de la nécessité des changements qui se produisent. D'où la notion du rêve et des mythes comme ressourcement. C'est dans la préface de « Trilby » qu'il présente comme nécessaire ce besoin de tous les hommes - et de toutes les civilisations - de se « rebercer », comme dit Schiller « dans les rêves de leur printemps ». A sa manière il a aidé son siècle, et nous aide encore sans doute, à ce ressourcement.

Nodier semble nous donner sa propre définition du sommeil, et sa façon d'interpréter ces différents phénomènes.

Une rue située vers la boucle du centre-ville lui est dédiée, sa géocache sera située à cet endroit.

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