Maximilien Buchon-Demande en mariage
Maximilien Buchon de son surnom Max est né en 1818 et mort en 1869 à Salins, dans la région nommée aujourd'hui Bourgogne Franche Comté. C'est un publiciste, auteur d'études de mœurs franc-comtoises, il est également militant fouriériste, socialiste et républicain. Il fait ses études au petit séminaire d'Ornans en compagnie de Gustave Courbet qui deviendra son ami.
Il se fait appeler le Balzac comtois, décrit dans ses romans des paysages du Jura, dénonce les conditions de vie difficiles des villageois, des vignerons et des petits paysans.
Il ouvre la voie des futurs romanciers comtois, comme Louis Pergaud, Marcel Aymé, Romain Roussel et André Besson.
Dans ses Scènes de la vie comtoise, il décrit les conditions de vie de la population comtoise du XIXe siècle, restitue le travail et la vie quotidienne du petit peuple des vignerons, bûcherons, marchands de fromage, typographes... dans un langage à la fois savoureux et authentique, qui témoigne d'un profond amour de la province, de ses paysages et de ses gens. Cette contribution a pour dessein d'éclairer un pan méconnu de l'histoire du réalisme littéraire. Exilé en Suisse suite au coup d'État du 2 décembre 1851, Buchon découvre la littérature alémanique et le poète bernois Jeremias Gotthelf dont la rusticité le fascine.
Trait d'union entre trois cultures, médiateur passionné, Buchon profitera de son séjour helvétique pour formuler, avec Champfleury et Courbet, une étape décisive de l'élaboration théorique et pratique du réalisme.
Victor Hugo lui écrira dans une lettre « Je vous dois la révélation de mon pays natal, vous m'avez fait connaître la Franche-Comté, je la vois dans vos vers. » A la mort de Buchon à Salins en 1869, il dira de lui : « il laisse comme poète une œuvre et comme citoyen un exemple. »
Buchon restera ancré dans les mémoires pour ses textes descriptifs de la belle Franche-Comté. Il suscita, non sans résistance, le passage d'une littérature ancrée dans un classicisme mitigé à une littérature réaliste, davantage axée sur la tradition locale, ses divers acteurs, ainsi que sur des particularismes qu'il s'agissait d'exalter.
Nous avons sélectionné un extrait de poème nommé Demande en mariageissu de son recueil nommé Poésies Franc comtoises, paru en 1877.
« Tu n'imagines pas les ennuis d'un garçon,
Quand il est seul, tout seul, pour tenir sa maison.
Admettons qu'on s'en tire à peu près en cuisine,
Admettons qu'on n'ait pas recours à la voisine
Pour recoudre au besoin sa culotte, à peu près,
Ou pour traire un moment ses vaches... mais après?
Après! C'est votre lard que le chat vous maraude,
C'est un lit où sans fin l'on couche à la rechaude,
C'est la nécessité de faire, en endiablant,
Lessive de Gascon, faute de linge blanc.
Que redouterais-tu ? Ma physionomie
Allons, dis que tu veux être ma bonne amie.
N'est-elle pas toujours celle d'un bon enfant ?
Ah ! Qu'un seul mot de toi me rendrait triomphant
Pour nos marmots futurs je serai plein de zèle.
C'est moi qui, du berceau, tirerai la ficelle,
Toute la nuit, pendant que tu reposeras...
Pense déjà, pour toi, quel fameux débarras
Tous les matins, aussi, libre à toi de te faire
Ta tasse de café. Le café, c'est l'affaire
Des femmes, je sais bien; sans compter par moment,
Que c'est indispensable à leur tempérament. »
Buchon nous parle de ce qu'est la vie d'un homme sans présence féminine sur qui s'appuyer.Puis ensuite il s'adresse à une femme, essayant de l'aguicher, en lui parlant de leur avenir et des futurs projets possibles, comme «Pour nos marmots futurs », en lui expliquant que sans elle il pourrait s'arranger pour tout faire, de façon à ce qu'elle se repose et prenne soin d'elle, après avoir fait de lui un père. Ce poème est divisé en deux parties, la vie avant qu'il la rencontre et celle après avoir trouvé la femme idéalisée.
Il s'adresse à cette femme en se plaignant, lui demandant de l'aide, de la pitié. Il lui dit que sans elle et l'enfant qu'elle pourrait lui donner, il serait triste et ne pourrait aller de l'avant.
« Pour nos marmots futurs je serai plein de zèle » ! Avec cette phrase il marque son souhait de fonder un foyer, d'être marié et de se rapprocher de la famille idéale. Ce vers nous montre cette volonté de renforcer son plaidoyer. Cependant, l'utilisation du terme « marmots », terme populaire et réducteur, entre en contradiction avec la promesse de « zèle » paternel. Il se contredit avec l'envie d'être père, chef d'un foyer, et le fait qu'il dénigre ses futurs enfants.
Tout cela est cohérent avec la réputation que s'est forgée Buchon ; on dit de lui et de ses œuvres qu'elles sont exceptionnelles et très proches de la réalité. Les hommes à cette époque fonctionnaient peut-être comme cela, peut-être dépendaient-ils tous d'une femme ?
Cet homme paraît si fragile, dénué de tout, sans personne sur qui s'appuyer, il a froid et a peur.
Les rimes de ce poème sont suivies, et grâce à celles qui s'associent, on peut en lisant deviner le sujet principal du poème.
Faire rimer « garçon » avec « maison », « cuisine » avec « voisine » illustre une séparation claire entre les genres et leurs places au sein de la société.
Puis les rimes « endiablant » et « blanc » montrent un certain contraste, le blanc représente la pureté, la religion, et le mot « endiablant » nous fait penser au diable, aux couleurs sombres.
Mais aussi « enfant » avec « triomphant » rappelle la réussite sociale avec la construction du foyer familial.
Ce texte nous expose une vision propre à Buchon de la vie comtoise au XIXe siècle. Il nous montre qu'un homme sans femme est peine perdue. A l'époque -et encore de nos jours- les Hommes fonctionnent à deux.
De ce fait, nous comprenons pourquoi les textes de Buchon sont qualifiés de réalistes, car Buchon fait tout pour que la réalité soit la plus proche possible. Et l'impact qu'il a pu provoquer reste le même de nos jours.
La définition que Buchon nous propose est très réaliste et s'appuie sur la réflexion que propose Victor Hugo, qui est la suivante : « La poésie s'adresse à la sensibilité, non au savoir ; à la connaissance intuitive, non à la raison discursive ; à l'imagination, non à la logique. Elle s'efforce, non de prouver, mais d'émouvoir et d'éveiller dans le cœur des échos prolongés. »
Buchon mourut jeune. Même si sa vie fut courte, elle fut bien remplie par l'amitié et l'amour des lettres. Son talent a été très envié par les esprits philosophiques.

N'ayant trouvé de rue ou d'endroits dont il a parlé ou portant son nom, nous avons sélectionné l'espace Associatif et d'Animation des Bains Douches qui se situe rue Battant. Ayant vécu à Salins les Bains, aucun autre endroit ne lui était plus approprié. Nous poserons alors une géocache en ce lieu lors de notre parcours.